[Mes premiers rouleaux de suédine]

Lorsque j’ai commencé Luunka, je ne pouvais acheter ma suédine qu`au compte-gouttes, faute de budget suffisant pour investir dans de grandes quantités de métrage. Chaque achat était réfléchi, et je rêvais du jour où je pourrais me permettre d`acquérir du tissu en plus grande quantité.

Avec le temps, mes ventes ont augmenté et j`ai pu acheter un peu plus de tissu à la fois. J’aimais plaisanter en disant : « Quand je serai grande, je prendrai ma suédine en rouleau ».

Ce jour est finalement arrivé lors d’un mois de décembre particulièrement fructueux, où j’ai vendu un grand nombre de créations. À ce moment-là, j’ai su que j’avais atteint un nouveau palier. Fière et excitée, j’ai commandé des rouleaux de suédine, un pour chaque couleur que j’utilise sur mes sacs et accessoires. C’était un rêve devenu réalité !

Une fois les rouleaux arrivés dans mon atelier, je n’arrêtais pas de les admirer. Mais surtout, l’essentiel était que je n’avais plus à me soucier d’une rupture de stock en suédine ou d’un budget trop serré. Désormais, je peux laisser libre cours à ma créativité sans crainte de manquer de matière ou de couleur.

💬 Et vous, quel est le moment dans votre vie où vous avez senti que vous franchissiez un nouveau cap ? Une réalisation personnelle ou professionnelle qui vous a rendu fier ?

[Culture japonaise : Honne et Tatemae]

Au Japon, Honne et Tatemae permettent de maintenir l’harmonie, de respecter les normes sociales et de préserver la politesse.

Honne désigne ce que l’on pense véritablement, nos sentiments et opinions authentiques. Les Japonais ont tendance à garder leurs Honne pour eux, surtout dans des contextes formels ou lorsqu’ils sont en présence de figures d`autorité, de collègues ou de personnes qu`ils ne connaissent pas bien.

Par exemple, une personne peut ressentir un mécontentement envers une décision prise par son supérieur, mais elle n`exprimera pas cette frustration ouvertement. Au lieu de cela, elle garde ses Honne pour elle-même ou les confie à des amis proches.

Tatemae désigne la façade sociale que l’on présente aux autres. C`est l`opinion ou le comportement que l’on adopte en public.

Tatemae peut parfois être en contradiction avec les Honne, mais dans de nombreuses situations, il est important de privilégier le Tatemae pour éviter de créer des conflits, des malentendus ou des embarras.

Par exemple, même si une personne ne goûte pas un plat offert par un hôte, elle pourrait dire : « C’est délicieux ! » pour ne pas offenser son hôte.

Bien que le concept de Honne et Tatemae soit toujours très présent au Japon, les influences culturelles extérieures, en partie celles des cultures occidentales, ont poussé certaines personnes, notamment les jeunes générations, à adopter une approche plus ouverte et directe, favorisant davantage l’expression des sentiments authentiques.

💬 Et vous, préférez-vous toujours dire ce que vous pensez ou vous adaptez-vous en fonction des situations ?

[Pourquoi l’expertise d’un artisan fait toute la différence ?]

Combien de fois ai-je entendu cette phrase sur les marchés de créateurs ? « Pas besoin d’acheter ce sac, je vais demander à tante Martine de me le faire ! »

La couture est une activité accessible et c’est une bonne chose ! Mais cela signifie-t-il que tout le monde peut reproduire n’importe quelle création artisanale avec le même rendu ? Beaucoup l’imaginent… mais la réalité est tout autre.

Beaucoup pensent aussi qu’avec une machine à coudre, tout est possible. Pourtant, toutes les machines ne se valent pas et certaines étapes exigent du matériel spécifique. Et même avec tout l’équipement du monde, sans l’expertise qui va avec, il est difficile d’obtenir un résultat professionnel.

Un sac, ce n’est pas juste deux morceaux de tissu cousus ensemble. C’est un travail minutieux qui demande du savoir-faire, de la technique et un véritable sens du détail.

Ce qui différencie un artisan d’un couturier amateur c’est aussi toute l’expérience accumulée au fil du temps. Un artisan affine ses gestes, teste différentes techniques, perfectionne chaque détail pour aboutir à une pièce harmonieuse et durable.

Alors je me demande :

Tante Martine utilisera t’elle les mêmes tissus que celui de l’artisan ? Ces tissus qui participent grandement à la qualité et à l’élégance du sac. Ces tissus que l’artisan a mis des mois à sélectionner, en recherchant, en comparant et en essayant les tissus de nombreux fournisseurs.

Tante Martine utilisera t’elle le même design que celui de l’artisan ? Elle pourra peut-être faire un sac qui y ressemble de (très) loin. Il n’aura pas le même rendu visuel, ni la même tenue, ni les mêmes finitions… Sans parler des étapes de fabrication, des épaisseurs qui demandent une machine plus performante et des détails techniques qui font toute la différence.

Alors oui, on peut toujours tenter de reproduire un sac chez soi. Mais ce ne sera jamais le sac qui vous a fait craquer, celui qui porte en lui l’empreinte de l’artisan, son expérience, son sens du détail et son amour du métier.